Des steppes nomades des Monts Khanghai aux immensités désertiques du Gobi, Yann, conseiller voyages Atalante basé à Paris, est parti explorer à pied les contreforts de la Mongolie. Terre de grands espaces, la Mongolie vit encore au rythme de la nature et des troupeaux. Retour sur ce voyage immersif au cœur du monde nomade !
Si tu devais décrire ton voyage en Mongolie en 2 mots, ce serait...
La liberté absolue, sans hésiter ! C'est une sensation que je ne n'ai eu dans un aucun autre pays que j'ai visité. On est si loin de notre cadre habituel. Le pays semble ouvert à perte de vue, il n'y a pas d'enclos, pas de barrières, pas de cultures.
Le quotidien des Mongols est porté par les fameux 5 museaux : chevaux, chameaux, mouton, chèvres et yaks, qui circulent librement dans les steppes. Les villes et villages sont anecdotiques dans le paysage. Ces immenses espaces sauvages sont ponctués de taches blanches, ces yourtes où se sont installées quelques familles qui vivent en harmonie avec la nature !
Plaines mongoles ponctuées de yourtes ©Yann Victor
Qu'as tu pensé des randonnées et treks lors de ce voyage ?
Les paysages rencontrés pendant les randonnées sont très variés et les dénivelés sont faibles, le terrain est agréable à fouler.
Dans le sud de la Mongolie, on pourrait s'attendre à une certaine unicité, mais les déserts de Gobi sont très distincts. Une steppe semi-désertique laisse place à un réseau de montagnes rocheuses et les dunes du Konghor apparaissent comme par enchantement, en s'étirant sur des centaines de km. Le tout encadré par des petites chaînes de montagne. Le randonneur est surpris de voir un lac dans un tel cadre, puis de pénétrer dans un immense massif verdoyant.
Le trek des Huit Lacs, au Naimann Nuur, était tout simplement exceptionnel.
Nous sommes parti pour 3 jours avec des chevaux de bât pour rejoindre notre famille. Cette zone est fermée aux véhicules, seuls randonneurs et cavaliers peuvent y accéder. Cette immense espace de lacs d'origine volcanique est un véritable paradis. En ce début de printemps [ndlr : juillet], les fleurs inondent les prairies. Le fond des vallées est pris dans des tourbières où des chaos de roches de coulées volcaniques millénaires y serpentent. Peu de nomades ont l'autorisation d'y paître.
En arrivant, le panorama s'ouvre sur quelques yourtes surplombant un lac d'altitude. Ce sera notre terre de promenade pour les jours suivants : une immensité, personne à l'horizon, sinon des troupeaux qui naviguent librement. Quel plaisir !
Deux univers se rencontrent... © Yann Victor
Comment qualifierais-tu le peuple Mongols et les rencontres au cours de ce voyage ?
Il n'y a pas à dire, les Mongols ont un sens de l'accueil absolu. C'est dans leur culture.
Ce sont des gens entiers, le sourire de façade n'a pas sa place chez eux car les conditions dans lesquelles ils vivent sont rudes. En hiver, la température descend quotidiennement en dessous de - 30°C. La yourte est leur seul refuge. Elle se partage avec des gens de passage et on s'y sent comme chez soi. Alors que les hommes cherchent leurs troupeaux pendant plusieurs jours, ils font halte chez d'autres nomades pour boire un thé au lait, se remplir l'estomac ou y passer la nuit. Il suffit de s'arrêter quelques heures dans une yourte pour se rendre compte que les visites défilent. Proches ou parfaits inconnus, tout le monde est le bienvenu : la porte n'est jamais fermée aux visiteurs !
Les rencontres sont le point d'orgue de ce voyage, abstraction faite de de la beauté des lieux traversés. Hommes et femmes mongols sont réellement ouverts aux rencontres. Alors que les femmes ont une place secondaire et observatrice dans cette société, elles sont au cœur des échanges.
Quand je repense à toutes mes rencontres, j'ai une pensée particulière avec notre jeune guide local, Boynar, qui animait de sa bonne humeur la vie du groupe. J'ai également eu l'occasion de chevaucher les plaines avec lui plusieurs jours pour aller chercher ses troupeaux de yaks et de chevaux. C'était un moment de partage authentique !
A notre retour dans sa yourte, j'avais l'impression d'avoir gagné le grade de cavalier mongole aux yeux de la famille. Prendre soin du bétail est essentiel à la survie des peuples nomades, qui vivent ensemble dès le plus jeune âge.
Peux-tu nous en dire plus sur des traditions mongoles qui t'ont marquées ?
Lorsqu'on rentre dans la yourte mongole, il y a tout un code à respecter. Ne pas passer entre les deux poteaux centraux, s'asseoir d'un côté précis. Le rite de l'accueil commence alors.
Beurre crémeux, sucreries sont offerts pour tout goûter. Ensuite le chef de famille sort sa tabatière, qui est ornée et soigneusement mise dans un tissu finement décoré qui se transmet de génération en génération. Chacun à son tour, on prise le tabac ou on ne fait que le sentir, juste pour le plaisir de partager les traditions.
As-tu un dernier conseil à nous donner ?
Se laisser porter par les opportunités de la rencontre. On ne vous sollicite pas pour venir dans la yourte après "l'accueil rituel". Alors ne soyez pas timide, entrez dans les yourtes, participez à la traite du matin et profitez de chaque opportunité pour partager des moments intenses.
Vous pouvez faire du fromage avec la maîtresse de maison, aider à rentrer les chevaux dans le choral, jouer avec les enfants. Le maître de maison vous dira que le lendemain, le Naddam local a lieu juste dans la bourgade à côté. Ce n'était pas au programme, mais vous voilà assistant à la course des chevaux des enfants où les lutteurs et héros locaux mordent la poussière, le tout dans une effervescence et une tension incroyable.
Vous pouvez revenir autant de fois que vous voulez en Mongolie pour découvrir le pays sous un autre angle, mais ce voyage immersif est l'occasion de vivre des moments privilégiés avec la population locale, alors profitez-en !
Moment de partage entre les voyageurs et la population locale © Yann Victor